FIDA / Les envois de fonds et les investissements des diasporas sont indispensables pour stimuler le développement agricole et rural
©IFAD/Purnima Shrestha
Nairobi, le 14 juin 2023 – « Bien que cela semble paradoxal, c’est en tirant parti des envois de fonds et des investissements des diasporas que nous infléchirons la nécessité de migrer. En effet, ces flux contribuent grandement au bien-être de millions de personnes. Près de 1,8 milliard d’USD transitent chaque jour vers les pays à revenu faible et intermédiaire sous la forme d’envois de fonds, ouvrant des perspectives en matière de développement. La moitié de ce montant, soit 900 millions d’USD, stimule le développement agricole et rural », a aujourd’hui expliqué Álvaro Lario, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA) des Nations Unies, à la séance inaugurale du Forum mondial sur les envois de fonds, l’investissement et le développement (ou GFRID, son sigle anglais) qui se tient à Nairobi.
Dans le monde, un milliard de personnes envoient ou reçoivent des fonds de l’étranger. En 2022, 200 millions de travailleurs migrants ont envoyé 647 milliards d’USD à plus de 800 millions de familles dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ceux-ci effectuent des transactions de faible montant, 200 USD en moyenne, 10 à 12 fois par an. Dans ces pays, la valeur combinée de l’aide publique au développement et des investissements étrangers directs est bien inférieure à celle des fonds envoyés par les migrants à leurs proches.
Même en temps de crise, l’argent durement gagné à l’étranger et transféré vers les pays d’origine reste une source fiable de revenu pour des millions de personnes et de familles à travers le monde. Les envois de fonds permettent aux ménages de lutter contre la pauvreté, de se nourrir, de couvrir les frais médicaux et scolaires, et d’améliorer leur logement et leur accès à l’eau et à l’assainissement.
Si les migrants envoient principalement de l’argent pour répondre à des besoins essentiels, on estime que les bénéficiaires parviennent à économiser ou à investir 25% du montant reçu. Un quart de ces économies (soit 25 milliards d’USD chaque année) va à des investissements liés au secteur agricole. Ce montant est quatre fois supérieur à celui de l’aide publique au développement alloué à l’agriculture des pays en développement à l’échelle mondiale.
« Nous devons changer notre regard et reconnaître les travailleurs migrants et les investisseurs des diasporas comme des contributeurs essentiels au développement, en particulier pour ce qui est de l’adaptation aux changements climatiques », a précisé M. Lario.
Le Président du FIDA est favorable à une collaboration avec le secteur privé afin de tirer parti des possibilités commerciales que celui-ci offre et considère qu’il est essentiel d’exploiter le potentiel de ces flux financiers pour réaliser les objectifs de développement durable.
Organisé conjointement par le FIDA, le Bureau de la Conseillère spéciale des Nations Unies pour l’Afrique et le Groupe de la Banque mondiale, le Forum mondial sur les envois de fonds, l’investissement et le développement vise à favoriser un changement de mentalité chez les différentes parties prenantes, notamment les partenaires publics et privés et la société civile. L’objectif est de reconnaître à sa juste valeur le potentiel des envois de fonds et des investissements des diasporas, qui sont des sources essentielles de développement socioéconomique dans les pays à revenu faible et intermédiaire, et de s’en saisir. Des experts internationaux présenteront leurs conclusions à cet égard à l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée aux objectifs de développement durable en septembre de cette année.
Coup de projecteur sur l’Afrique
L’Afrique revêt un intérêt particulier dans le cadre du Forum mondial sur les envois de fonds, l’investissement et le développement 2023, car pour 17 des 54 pays du continent, les envois de fonds représentent au moins 4% du PIB. Dans plusieurs autres, dont la Gambie, la Somalie, les Comores, le Lesotho, Cabo Verde et la Guinée-Bissau, ils représentent plus de 10%. Ces chiffres sont tirés d’un rapport final publié il y a peu et dans lequel RemitSCOPE Africa présente les données les plus récentes et les plus fiables disponibles sur les envois de fonds et leur incidence sur l’ensemble des 54 pays africains. Ses auteurs y analysent les plus de 100 milliards d’USD qui sont envoyés chaque année vers l’Afrique par plus de 40 millions de travailleurs migrants disséminés à travers le monde.
Selon RemitScope Africa, le coût des envois de fonds vers l’Afrique a été considérablement réduit. Toutefois, avec un coût moyen de 8,85% du montant pour un envoi de 200 USD l’année dernière, le continent reste la région du monde vers laquelle envoyer des fonds coûte le plus cher. L’Afrique est encore bien loin d’atteindre le seuil de 3% d’ici à 2030 établi dans les objectifs de développement durable. Envoyer de l’argent au sein du continent africain coûte encore plus cher: 11% du montant en moyenne.
L’inclusion financière s’est considérablement améliorée en Afrique, passant de 20% en 2011 à 51% en 2021, principalement en raison du nombre croissant de détenteurs de comptes d’argent mobile, selon les auteurs du rapport. Le Soudan du Sud (6%), l’Égypte (27,4%) et la Sierra Leone (29,1%) sont en queue de peloton dans ce domaine.
Le Président du FIDA a réaffirmé l’engagement de l’institution à rendre les envois de fonds plus rapides et plus fiables, tout en réduisant les coûts de transfert. Le FIDA poursuit ses efforts afin d’aiguiller les fonds entrants vers un large éventail de services financiers en milieu rural, qui bénéficient tant aux habitants des zones rurales qu’aux entreprises du secteur privé. L’objectif est de favoriser l’accès à l’épargne, au crédit et à l’assurance, des produits financiers de base qui n’en restent pas moins transformateurs pour les zones rurales pauvres.
Depuis 2006, le FIDA a cofinancé plus de 70 projets dans plus de 50 pays afin d’offrir des débouchés aux bénéficiaires des envois de fonds et à leurs communautés. Sur le terrain, il a bâti un réseau de quelque 230 partenaires du secteur public, du secteur privé et de la société civile, qui vient en aide à deux millions de personnes au moins.
Avec FIDA
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