Développement : Les nouvelles villes qui vont transformer le paysage africain de l’investissement (Oxford Business Group)
Photo : Abidjan by night
– La population urbaine en Afrique devrait atteindre 722 millions d’ici 2026, contre 286 millions en 2000
– Les grandes villes font face à des infrastructures surchargées et à des contraintes d’urbanisme
– Une ville à charte ambitieuse prévoit de remodeler le paysage des investissements sur le continent
– Des villes secondaires à même de contenir la croissance démographique, grâce aux talents et aux investissements
Alors que la population africaine devrait doubler d’ici 2050, certains pays envisagent la construction de nouvelles villes en phase avec la montée en charge de l’activité industrielle et l’augmentation des populations urbaines, et capable de répondre aux contraintes de nombreuses grandes villes du continent.
Le développement de nouveaux espaces urbains dans le monde prend en considération les défis liés à la croissance démographique, à la durabilité et à la résilience économique. En 2015, l’Égypte a annoncé qu’elle construirait une nouvelle Capitale Administrative. En plus des bureaux administratifs, la nouvelle capitale administrative devrait accueillir un stade, divers édifices religieux, un parc à thème et bien plus encore.
A terme, il est prévu que la ville abrite quelque 5 millions d’habitants dans l’espoir de décongestionner le Caire. Même si les travaux de construction sont encore en cours, quelque 14 ministères se sont déjà relocalisés dans la nouvelle capitale en mai 2023. Le pays prévoit aussi la construction d’une vingtaine de nouvelles villes pour quelque 30 millions d’habitants au cours de la prochaine décennie.
L’Afrique a une histoire de projets de développement urbain, et de nombreuses villes du continent – comme Abuja au Nigeria et Yamoussoukro en Côte d’Ivoire – ont été construites ou agrandies peu après la décolonisation à des fins économiques ou administratives.
Selon les estimations, l’Afrique devrait représenter 40% de la population mondiale d’ici 2050. Ces nouveaux centres urbains permettront de loger les générations futures, et stimuler les investissements ainsi que les activités économiques vers de nouveaux endroits.
Nouveaux développements urbains
Le boom du secteur de la construction en Afrique témoigne de la bonne dynamique des investissements directs étrangers (IDE). Les IDE du continent ont progressé de 39 milliards de dollars en 2022 à 97 milliards de dollars en 2021, soit une hausse de 147%. Alors que l’essentiel du développement urbain du continent africain est porté par des entités privées, la création de zones économiques spéciales (ZES) offrant des incitations fiscales et des concessions de droits fonciers a donné un coup d’accélérateur aux investissements. La ville de Tatu au Kenya, dont la construction a commencé en 2016, est la première Zone Économique Spéciale abritant 60 entreprises séduites par les incitations telles que les allègements fiscaux (Impôt sur les sociétés) et des exonérations des droits d’importation.
De nouvelles villes sont érigées dans certaines régions pour abriter un écosystème technologique en expansion, au moment où les start-up africaines sont au centre de toutes les attentions, notamment de la part des investisseurs internationaux et attirent davantage de financements, et que les entreprises technologiques mondiales cherchent à s’implanter dans la région.
Connues sous le nom de villes à charte, ces zones offrent à la fois l’infrastructure nécessaire pour stimuler la croissance des entreprises et des opportunités en termes d’éducation et de formation en vue de fournir une main-d’œuvre formée localement.
Située dans la zone franche de Lekki dans la périphérie de Lagos, Itana – anciennement connue sous le nom de Talent City – reflète les efforts de l’entrepreneur nigérian Iyinoluwa Aboyeji visant à installer l’infrastructure physique nécessaire au travail digital à distance au Nigeria. Outre des espaces de travail, une connectivité Internet améliorée et une électricité fiable, l’installation fournit des résidences numériques, des incitations fiscales et la propriété ou la détention étrangère à 100% pour encourager les entrepreneurs à s’installer.
Nkwashi, en Zambie, situé en dehors de la capitale Lusaka, vise à abriter quelque 300.000 habitants, et est porté par la société africaine Thebe Investment Management. Son développement s’articule autour d’une nouvelle université de Sciences et de Technologie dans le but de former des talents locaux pour travailler à distance ou dans des succursales locales de start-ups technologiques africaines ou d’entreprises mondiales.
Dans le même temps, Konza Technopolis, situé à quelque 64 km au sud de Nairobi, est un projet phare du plan Vision 2030 du Kenya sous la tutelle du Ministère de l’Information, des Communications et de l’Économie numérique. Étalé sur une superficie de 5000 acres, le site devrait inclure une infrastructure visant à soutenir le secteur des services informatiques en forte expansion dans le pays, ainsi que des activités industrielles de petite échelle et une université, avec des logements abordables dédiés aux employés et aux étudiants.
La diversification économique est capitale pour le succès des nouveaux développements urbains. Une autre ville satellite prévue au Nigeria, Enyimba Economic City dans le sud-est, cible une variété de secteurs, des hydrocarbures à la logistique en passant par le divertissement. La ville devrait générer 600.000 emplois et abriter jusqu’à 1,5 million d’habitants, la première des six phases de construction étant déjà en cours depuis le début de l’année.
Villes secondaires
En plus des nouveaux sites destinés à stimuler l’activité économique, les villes secondaires offrent d’intéressantes opportunités d’investissement au moment où les gouvernements cherchent à atténuer les problèmes de logement et les lacunes en matière d’infrastructures dans les grandes villes.
Le tronçon côtier d’environ 1000 km en Afrique de l’Ouest, d’Abidjan en Côte d’Ivoire à Lagos au Nigéria, devrait abriter quelque 51 millions de personnes d’ici 2035, dont près de 25 millions dans la zone métropolitaine de Lagos. Une croissance démographique soutenue pourrait en faire la plus grande zone d’habitation dense et urbanisée sur Terre d’ici 2100.
Alors que la concentration de la richesse et de la population dans les grandes villes peut constituer un risque pour la stabilité économique, les villes comptant entre 100.000 et 1 million d’habitants sont appelées à jouer un rôle croissant dans l’amélioration des perspectives économiques à travers le continent, atténuant ainsi simultanément les tensions sur les grandes villes, tout en offrant des logements aux migrants des zones rurales à mesure que les pays s’urbanisent. De telles villes sont en mesure d’absorber les deux tiers de la future croissance de la population urbaine du continent.
En mai 2022, la ville de Kisumu au Kenya a accueilli le neuvième Sommet Africités, axé sur la manière dont les villes intermédiaires peuvent contribuer à la mise en œuvre de l’agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine (UA), qui visent le développement durable à l’échelle mondiale et à travers le continent, et respectivement. Pendant la pandémie de Covid-19, le Kenya a amélioré l’approvisionnement en eau, les infrastructures de marché et les espaces verts à Kisumu, dans le cadre de ses efforts visant à augmenter ses investissements dans 70 villes secondaires du pays.
Le même mois, le gouvernement du Malawi a lancé son plan des villes secondaires, qui vise à porter le développement de huit villes, dans le cadre d’un effort visant à soutenir une répartition plus équitable de la richesse et créer de nouvelles opportunités économiques.
Le Rwanda, le Sénégal et l’Ouganda font partie des autres pays africains envisageant de construire des villes secondaires pour répondre, à la fois, à la croissance démographique et économique dans les prochaines années. L’Éthiopie, quant à elle, a investi 35 millions de dollars pour préparer 18 villes à la croissance, avec le soutien du Marron Institute de l’Université de New York.
La semaine dernière, l’Union Africaine et la société d’investissement mondiale Temasek Holdings ont annoncé un plan visant à construire jusqu’à 123 nouvelles villes à travers le continent au cours des deux prochaines décennies.
Développé par la société de développement urbain basée en Afrique du Sud, Africa123, le plan comprend des approvisionnements durables en eau et en énergie ainsi que des infrastructures de soins de santé, d’éducation et économiques, et est en quête d’un investissement d’environ 150 milliards de dollars.
Africa123 a déjà commencé un programme pilote au Ghana, avec un foncier déjà sécurisé pour trois tranches qui devraient abriter jusqu’à 3 millions d’habitants, avec 800.000 unités résidentielles. Le projet vise à répondre à la forte croissance démographique, en proposant des logements pour faire face à une éventuelle pénurie. En effet, le continent a connu une pénurie de 51 millions d’unités en 2022 et devrait subvenir aux besoins de 150 millions de familles d’ici 2063
Source : Oxford Business Group
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