Cop 27 / Mo Ibrahim dénonce « l’hypocrisie » dans la lutte climatique
L’Afrique contribue seulement à 3% des émissions annuelles de CO2 dans le monde. Parallèlement, le bassin du Congo, parvient à absorber 4% des émissions globales. Un bilan positif, relève Mo Ibrahim, qui demande aux pays développés de jouer leur partition dans la lutte climatique.
Le monde fait face à une crise climatique qui interpelle. D’ailleurs, à l’ouverture de la COP27 à Sharm El Sheikh, en Egypte, le Secrétaire général de l’ONU avait lancé l’alerte. Antonio Guterres avait en effet relevé que le combat pour le climat est « une question de vie ou de mort, pour notre sécurité aujourd’hui et pour notre survie demain ». Insistant par ailleurs que la conférence doit « poser les fondations pour une action climatique plus rapide et plus courageuse, maintenant et pendant cette décennie qui décidera si le combat pour le climat est gagné ou perdu ». Un message qui s’inscrit dans la même logique que l’appel lancé par Mo Ibrahim.
A la veille du lancement de cette conférence sur le climat, Mo Ibrahim précisait en effet : « il est essentiel que nous saisissions cette occasion pour rééquilibrer l’agenda climatique actuel et veiller à ce qu’il protège les intérêts de tous les habitants de la planète, au lieu de se concentrer uniquement sur les préoccupations des pays déjà développés ». Ce vendredi, lors d’un entretien à TV5, Mo Ibrahim a rappelé que 22 pays africains ont recours à l’énergie renouvelable. « Aucun autre continent n’en fait autant. Nous faisons tout pour développer ces énergies, que ce soit le solaire ou l’hydro électricité qui est très populaire en Afrique », a-t-il déclaré. Et de rappeler que le continent contribue à hauteur de 3% des émissions annuelles de CO2 dans le monde, alors que le bassin du Congo parvient à absorber 4%. Un résultat qu’il juge positif.
« Deux poids deux mesures » dans la lutte climatique
« Par ailleurs, l’Afrique possède la majorité de toutes les ressources naturelles nécessaires à l’économie verte. Il s’agit d’atouts importants. Nous sommes donc une part cruciale de la solution, et en aucun cas la cause du problème », a relevé Mo Ibrahim. « Les pays africains utilisent déjà les énergies renouvelables. En Afrique, plus que n’importe où ailleurs dans le monde. C’est très bien ainsi et on continue. Mais nous avons besoin du gaz pour soutenir cette tendance, car pour le moment c’est insuffisant. Nous avons beaucoup de gaz, la moitié va vers l’Europe qui investit et construit des infrastructures », fait-il remarquer. L’Afrique, pourtant moins pollueuse, est souvent invitée à avoir moins recours au gaz. Une aberration, estime Mo Ibrahim.
« L’Allemagne vient juste d’inaugurer un terminal de gaz et la Commission européenne dit que le gaz est une ressource de transition valable. Nous posons la question suivante : pourquoi l’Europe se réjouit de développer le gaz, alors qu’elle pollue à hauteur de 6 tonnes de CO2 par habitant en moyenne ? », interpelle Mo Ibrahim. « Nous, nous ne rejetons que la moitié d’une tonne de CO2 par an par habitant et on nous dit « vous ne devez pas utiliser le gaz comme une énergie transition ». C’est de l’hypocrisie, il y a deux poids deux mesures, c’est totalement inacceptable », déplore celui dont la Fondation s’est donné pour mission de traiter les questions de gouvernance en Afrique.
Par Abubakr Diallo
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