Nitrate d’ammonium aux portes d'Abidjan : réunion d'urgence ce lundi pour sceller le sort du Mv Zimrida

Branle-bas de combat depuis quelques jours en Côte d'Ivoire. La raison : le Mv Zimrida, un navire en détresse bourré d'engrais explosif - au propre comme au figuré - mouille à 20km des eaux territoriales ivoiriennes. Une réunion d'urgence est donc convoquée au sommet, ce lundi 6 janvier 2025 pour voir si la Côte d'Ivoire dispose des moyens techniques suffisants pour le laisser accoster et décharger son encombrante cargaison sans mettre en danger la vie de ses populations.

Ce qui fait courir les lanceurs d’alertes environnementaux, et qui a fait réagir les autorités du port autonome d’Abidjan (PAA) le week-end dernier, c’est que le nitrate d’ammonium sert à la fois d’explosif dans les mines d’or, et d’intrant dans la fabrication de l'engrais. Exposé à une température élevée, il explose facilement, comme il l’a fait le 4 août 2020, en soufflant le port de Beyrouth (Liban), tuant au passage près de 200 personnes.

Y a-t-il pour autant péril en la demeure ? Pas si sûr, car la Côte d’Ivoire dispose d’infrastructures de qualité, d’équipements de pointe et de laboratoires avancés, capables de gérer la situation. A preuve, le PAA, certifié ISO 140001 et conforme code ISPS, a déjà réceptionné sans problème 20.000t de produits similaires en 2023 et 38000t l’an dernier. Ces activités avaient alors échappé aux acteurs de la société civile tournés vers l’environnement.

Quoi qu’il en soit, la réunion de crise de ce jour entre le PAA, les Douanes ivoiriennes, la gendarmerie du port, l’armateur EPC et les représentants des structures gouvernementales spécialisées (CIAPOL, DGAMP, MRSC, etc.) décidera du sort du transporteur qu’on dit en difficulté.

Grâce à l’application myShipTracking, on peut voir que le navire qui attendait d’entrer dans le port d’Abidjan a été contraint de reculer dans les eaux internationales, le temps que les autorités se prononcent sur son sort.

Tout est parti d’un premier navire, le Mv Ruby qui après avoir chargé le produit au port de Kandalaksha (Russie), a été endommagé en mer, en août 2024. Sa cargaison a alors été transbordée dans le Zimrida, au port de Great Yarmouth (Royaume Uni), grâce à la bienveillance du même armateur. C’est ainsi que ce dernier a repris la mer avec à son bord 20.000 tonnes de nitrate d’ammonium à livrer à Abidjan (3.000t), Luanda (Angola) et Dar-es-salam (Tanzanie). En rade extérieure à Abidjan depuis le 30 décembre, le vraquier battant pavillon de la Barbade a signalé des avaries à bord, nécessitant « un examen approfondi de la situation et la mise en œuvre de solutions adéquates pour traiter la cargaison dans le respect des normes de sécurité. », selon une note du PAA.

Si les autorités ivoiriennes acceptent que les 3.000 tonnes soient débarquées, elles prendront immédiatement la route de Yamoussoukro où attendent les clients de EPC SA Côte d'Ivoire.

Un vraquier est un navire de charge destiné au transport de marchandises solides en vrac. Fabriqué en 2008 par Saiki Heavy Industries (Saiki, Japon), et précédemment baptisé Cielo Di Tokyo, le Zimrida mesure 177m de long.

Seydou Koné